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2016 – Une année de tempête où tout a failli basculer

 

Dans les coulisses de Temps de Rêve : partage d’une expérience 

L’aventure démarre en octobre 2015 quand je reçois un mail d’une jeune fille. Elle vit à Paris, se marie en septembre 2016 à Rodez et voudrait que je l’accompagne dans la décoration de son mariage sur le thème de l’aviation. Les futurs mariés sont tous les deux pilotes. Son mail est assez long, déjà très détaillé, ce qui me permet de déjà très bien me projeter dans son univers. Mais je me demande quand même comment elle est arrivée sur mon site web (elle n’a jamais vraiment su répondre à cette question d’ailleurs).

Premier entretien téléphonique prévu, elle n’est finalement pas dispo et me demande de le reporter un soir à 21 heures parce qu’elle est à l’étranger… Décalage horaire… J’accepte mais 21 heures, c’est quand même tard. En dehors de mon activité professionnelle, je suis aussi une maman de deux enfants et à 21 heures, en principe, ils ont encore besoin de moi. C’est pile l’heure du coucher. Je pensais qu’en raison de l’heure, elle aurait la délicatesse d’être brève. Eh bien non ! Cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille. J’ai d’ailleurs tiqué mais je me suis dit qu’elle était certainement un peu inquiète et qu’elle avait besoin d’être rassurée.

Premier prototype d’avion, il a fallu concevoir 5 modèles d’avions différents d’après des photos. 

Se fier à ses ressentis

J’aurai dû me fier à mes premières intuitions… Il nous faut à Cécile et moi une semaine entière pour répondre à son mail suivant tellement il est dense de questions. Nous voulons être les plus précises et plus compétentes possible pour répondre à ses attentes.

Je fais un premier devis et nous convenons de la visite du lieu de réception à Rodez (je vis à Narbonne) en décembre pour ajuster le devis en fonction des lieux que je ne connais pas.

Pour le moment, rien n’est signé. Tout ça, c’est au frais de la princesse … J’arrive avec des prototypes, des sculptures que j’ai faites en raphia laitonné. Le rendez-vous se passe plutôt bien.

                                         

Premier prototype conçu à partir de raphia laitonné.
Il a servi de base pour les proportions de toutes les sculptures suivantes, j’en ai conçu 17 différentes au total.
Et alors qu’elle a confié à son avocat que les centres de tables ne convenaient pas à ses attentes, elle les a tous emportés… 

 

Le temps avance mais nous faisons du surplace

Nous continuons à avancer, à être assaillis de mails interminables, de changement d’idées… En mars, oui oui en mars enfin, elle finit par signer le devis et envoyer l’acompte, mais continue de changer d’idées sans cesse. On passe notre temps à essayer de conserver le fil.

En juin, parce que la communication devient très difficile, elle vient avec son compagnon à Narbonne. Je suis déjà en pleine saison.  Nous passons 7 heures assis autour de la table, à faire des aller-retour dans l’atelier, à discuter de menus détails…. Ils sont arrivés vers 13h30. A 20 heures, ils sont toujours là.  Les enfants s’impatientent. Eh oui, je travaille chez moi. Depuis qu’ils sont sortis de l’école, ils ne sont pas venus nous déranger mais là, ils commencent à avoir faim… Finalement, c’est son compagnon qui donne le départ… Ouf !!!!

 

Voilà le résultat des essais que nous avons validés ensemble. Il faut que chaque modèle conçu tienne sous cette cloche. Il y avait 17 noms d’explorateurs ou engin volant, ou d’expédition à formaliser avec du raphia laitonné. Il m’arrivait parfois d’être complètement découragée tant le passage de la photo au réel me semblait impossible. 

   

Pendant l’été

Mais malgré cet entretien, ça continue : des mails sans fin, un coup de fil à 20h30 auquel je ne réponds pas suivi d’un SMS à 23 heures dans lequel elle s’offusque que je n’ai pas répondu à 20h30. Je dormais… Cela m’arrive parfois, je tombais de fatigue. Elle m’épuise. Je perds pieds, je perds confiance. Plusieurs fois par semaine, je me réveille le matin et découvre des SMS sans fin… Ma tension chute, elle tombe à 8, mais je ne lâche pas. Je suis à bout de force mais je continue à avancer comme je peux pour honorer toutes les autres prestations (et non, je n’ai pas que son mariage dans la saison, j’en ai une bonne vingtaine cette année-là) et suivre tous les changements qu’elle demande. Je fais les croquis, les envoie de façon informelle par SMS avec les budgets à envisager pour les nouvelles demandes. 

A trois semaines du mariage

Je n’en peux plus, la saison est intense, je commence à manquer de rigueur dans les devis, je prends note des demandes mais je ne fais pas de retour clair des conséquences tarifaires de tous ces changements. Et puis à trois semaines du mariage, d’ordinaire, je fais un bon de commande qui prend en compte les ajustements qu’il y a eu depuis le devis, mais là, il y a eu tellement de changement que je refais un devis. Elle ne comprend pas pourquoi le prix a changé… Tout simplement parce que les demandes ont changé… Je refais encore un autre devis : il y avait alors celui qui correspondait à ses exigences et celui qui correspondait à son budget. Et je lui demande de choisir l’un des deux devis lui précisant qu’à partir de maintenant, il n’y aura plus aucun changement. Et je lui précise aussi que tant que je n’ai pas le document signé et l’acompte versé, on arrête tout. Elle signe le devis le plus cher à ma grande surprise et verse l’acompte. On reprend. Il reste 15 jours. Et ce week-end-là, j’ai deux prestations.

Entre les prestations, j’ai tout l’été le sentiment de ne pas en faire assez, de ne pas assez m’occuper d’elle.
J’essaie de faire au mieux mais je suis habitée d’un constant sentiment de culpabilité. 

La tension est réelle entre eux et nous. Je n’y arrive plus. Je me réveille la nuit et je m’étouffe. J’appelle Cécile et Hélène, mes collaboratrices pour les installations et leur demande si on peut changer l’organisation du week-end. Je viendrais à Rodez le vendredi livrer tout le matériel, faire toutes les compositions florales. Elles feront sans moi le samedi. Moi, j’irai à Lignan faire l’autre prestation.

              

J’arrive presque au bout des centres de tables. Le mariage est dans moins de 72 heures, il ne m’en reste que deux à faire…  Malheureusement, je n’ai pas de photos., j’avais fait aussi un magnifique bateau à trois mâts.

 

 L’avant veille tout est chargé, 5 heures d’une méga partie de tétris , avec Hélène … 

La veille du mariage : premier jour d’installation

Nous devions être quatre le vendredi, la quatrième personne est malade et ne peut pas venir. La journée est intense et difficile, mais on avance. Même le vendredi, la mariée apporte des modifications sur lesquelles elle revient en fin de journée. Quand je me retrouve face à elle le vendredi soir, impossible de prononcer son prénom. Impossible de répondre à ses questions, je ne retrouve plus rien dans mon classeur de suivi. Je suis en panique absolue. A 23 heures, je quitte le domaine en larmes laissant Hélène et Cécile seules face à la plus difficile de nos prestations en raison de cette relation chaotique avec les mariés.

On y est. Le traiteur a déjà dressé les tables et le couvert quand on arrive.
Première étape : décharger le camion, puis faire les compositions florales. 

 

Jour J

Le samedi, nous faisons au mieux chacune de notre côté en lien téléphonique permanent.

En fin d’après-midi, la mariée m’appelle pour me dire qu’elle n’a pas son bouquet. Je ne comprends pas. Il était prêt la veille, conservé au frais. Ne sachant pas trop pourquoi elle ne l’avait pas, j’essaie de l’aider à relativiser et lui dit que ça arrive souvent que les mariées oublient leur bouquet. Elle le récupérera au domaine, pour le cocktail. Le plus important est qu’elle ait autour d’elle tous les gens qu’elle aime. J’apprends plus tard, que le bouquet avait été amené dans sa chambre par son témoin (accessoirement sa soeur), et qu’elle l’y avait oublié….

Et ça continue…

Bref, la soirée, le week-end se passe. Et le lundi, je lui envoie un message pour savoir si malgré toutes les tensions, tout s’était bien passé. Elle me répond que oui et me remercie. Mais quand il a fallu régler la note, il n’y avait plus eu personne.

Non contente d’avoir travaillé dans un climat de tension que je qualifierai de harcèlement, je n’ai pas été payée pour le travail accompli.

Je fais appel à un premier avocat. Je suis ses indications pour les premières démarches mais je n’ai pas trop confiance. Je change d’avocat et on change de stratégie. La procédure aura duré de longs mois. Tout aussi douloureux que la préparation de ce projet. Mais au milieu de la tempête, il y a toujours des rayons de soleil.

Pour me défendre, j’avais besoin de soutien. Et quelle solidarité j’ai ressenti quand la quasi totalité des clients et professionnels auxquels j’ai demandé des attestations, ont témoigné en ma faveur. Cela m’a fait chaud au coeur de lire tous ces témoignages si positifs.

Presque deux ans après…

Mon avocat a fait un travail irréprochable et le juge m’a donné gain de cause. Presque deux ans après leur mariage, la boucle a été bouclée.

Finalement, Cécile et Hélène ont eu raison de me dire de ne pas abandonner, parce que je voulais fermer mon entreprise. Balayer d’un revers de la main dix ans de travail acharné. Depuis, j’ai repris confiance en moi et j’ai retrouvé du plaisir à faire mon métier. J’ai encore ajusté mes contrats pour me protéger encore davantage.

Et désormais, avant de m’engager dans une relation d’accompagnement, je me fis à mon ressenti. Si dès les premiers mots échangés par mail ou téléphone, je ne le sens pas, je ne me plie pas en quatre pour faire avancer les choses.

Depuis, je n’ai que des clients adorables, particulièrement  gentils et bienveillants et ensemble nous faisons un travail merveilleux parce que dans un climat de confiance et de respect, forcément, on se surpasse et on donne le meilleur de soi.

 

Un regret et une satisfaction

Même si cette expérience a été très douloureuse, elle m’a permis d’avancer. Je me suis encore une fois remise en question et c’est important dans une vie d’entrepreneur de se retourner sur ses erreurs et en faire une force par les leçons qu’elles nous enseignent. Mais malgré tout, je garde un regret, n’avoir aucune photo du résultat de ce laborieux travail qui malgré tout était une réussite.

En effet, le lendemain, quand Hélène et Cécile s’occupaient du démontage dans la salle, une invitée qui avait quitté le domaine, a fait demi tour. Elle est venue les trouver et leur a dit : « Je ne pouvais pas partir sans vous dire à quel point j’avais été touchée en entrant dans la salle, par la beauté et la délicatesse de votre travail ». 

Rien que pour elle, je suis heureuse d’avoir accompli avec mon équipe de choc, tout ce travail même si chacune de nous a puisé au plus profond de ses ressources. Réveiller l’émotion est la plus grande satisfaction dans notre métier.

Pour conclure

J’aurai deux messages. Un pour les futurs mariés et un pour les professionnels du mariage.

Futurs mariés, votre mariage est une très grande journée dans votre vie. Elle déborde d’émotions et d’amour. Vous avez autour de vous tous ceux que vous aimez. Vous souhaitez plus que tout, que cette journée soit réussie. Entourez-vous de professionnels avec lesquels vous vous sentez bien. Au fur et à mesure de l’avancement de votre projet, donnez-leur votre confiance, ils vous le rendront. Un professionnel qui travaille dans un climat de confiance donnera le meilleur de lui.

Professionnels du mariage, ne vous découragez jamais. En quinze années, j’ai dégringolé un paquet de marches, mais je me suis toujours relevée. Vivez votre métier avec passion. Apprenez l’écoute et la rigueur. Mettez en place des outils qui vous permettent de vous protéger en énonçant clairement les règles au départ. Apprenez de vos erreurs, elles nous aident à avancer. Donnez le meilleur de vous et vous serez nourri d’un échange humain qui vous rendra plus riche que le prix d’une prestation.